Bus de l'enfeeeeer II

C'est ainsi que Dewy nous trouva, grâce à une action téléphonique qui restera abstraite et mystérieuse, un super bus pour Palopo, pour nous rapporcher le plus possible de Rantepao. Elle nous avait déconseillé de passer par le nord et Poso, zone qui craint un peu (terroristiquement parlant). Mais tout les transports que nous avions trouvé jusqu'à maintenant nous obligeaient une escale -voir un changement- à Poso justement... Ce bus sorti de nulle part dans lequel nous embarquerons dans un garage nous arrange donc bien (et en plus c'est pas cher!). Bon par contre... Quand on demande combien d'heure le trajet dure, on nous répond en jour. On apprends alors qu'on va mettre 28h à rejoindre Palopo. 
Pas découragées du tout, on fait un bisou à Dewy, un dernier petit selfie devant le bus qui s'excuse déjà sur son pare-brise (on aurait du prendre ça comme un avertissement) et roule ma poule ! 
Premier point qui nous rassure (et ce sera la seul), on a deux sièges chacune, et ça tombe bien sinon les jambes d'Emma ne tiennent pas. Deuxième point : après une heure de voyage, on se rend compte que l'on est pas du tout seules, et que notre bus est bondé de cafards qui sortent à chaque fois que nous marquons un arrêt, à la recherche de petites miettes. Chaque siège a son lot de petites bêtes (environ 5-6 chacun) qui viendront nous faire des petits coucous réguliers malgré la dose INFINIE d'anti-moustique que nous déverserons sur chaque cm2 de tissu. Finalement, on s'y habitue et on devient des leurs.



Troisième point : comme tout les transports indonésiens, le dicton dit que l'arrêt improbable est un arrêt obligatoire (tout comme celui de la station essence). Nous arrêtrons donc au bord de la route pour prendre des gens, chez des gens pour prendre des colis et dans des terrains vagues pour le courrier. On fera même des stop pour rien du tout, mais surtout pendant 3h. Et cela sans que personne ne semble choqué. On arrête à ce moment là d'essayer de comprendre. 
Quatrième point : le musique. Le bus à beau être tout pourrave, on a quand même la chance d'avoir un karaoké intégré (même si on la légère impression que le mec a juste accroché son laptop à l'envers au plafon) qui va nous régaler de plus belles chansons indonésiennes du moment, à un volume parfaitement inecceptable, quelque soit l'heure ni l'endroit. Aucun refuge possible, même avec nos écouteurs qui ne sont pas assez puissants, les vingts chansons tournent un boucle, et Emma à la chance inestimable d'être assise juste au dessus du caisson de basse, car caisson de basse il y a. 



Malgré tout ça, le trajet passe étrangement pas trop doucement, la nuit semble courte et on voit quand même un joli lever de soleil. Et on arrive finalement vers 18h à Palopo, où il nous reste encore 2h de route jusqu'à Rantepao. On nous annonce à ce moment là qu'il n'y a plus de bus et que nous devons attendre le lendemain matin. Mais déterminée à finir le trajet aujourd'hui, on trouve une voiture semi-charter (genre on part et on est que 3 dedans) et nous voilà au centre du pays Toraja vers 20h. On nous depose devant notre hôtel et on s'endort comme des cailloux.